Résumé
L’analyse proposée dans ce rapport ne visait évidemment pas à l’exhaustivité. D’une part, parce qu’en matière de petite enfance, les politiques nationales consistent, s’agissant du développement des infrastructures, en mesures incitatives à la création locale d’équipements et non - décentralisation oblige - en décisions d’investissements directs. Les politiques définies localement diffèrent donc très sensiblement selon les communes, principalement en fonction de la motivation des élus, mais aussi de celle des divers partenaires impliqués d’une façon ou d’une autre dans ces politiques (DDASS, PMI, CAF, associations de parents, etc). De fait, appréhender dans sa globalité cette diversité des approches dépassait le cadre de notre étude, davantage consacrée aux tendances générales qu’à un examen détaillé de la multiplicité des politiques locales. Bien sûr, d’autres investigations plus fines et plus localisées devront nécessairement venir compléter ou relayer notre approche.
D’autre part, les "besoins” des parents ont été appréciés ici d’un point de vue plus quantitatif que qualitatif : les attentes relatives au développement psycho-moteur de l’enfant en particulier ont été exclues du champ de l’étude. Or, on sait qu’en matière de petite enfance, tout projet d’expansion quantitatif doit aussi être associé à une approche qualitative visant à l’épanouissement le meilleur possible de l’enfant.
Il reste qu’aujourd’hui, du fait de l’insuffisance du nombre d’équipements, l’objectif premier d’une bonne partie des parents n’est pas tant de choisir entre différents modes de garde celui qui conviendra le mieux à ce qu’ils souhaitent et à l’éveil de leur enfant, - ils n’en ont que rarement la possibilité -, mais bien plutôt de trouver un lieu d’accueil, quel qu’il soit.
L’étude met en effet en évidence un décalage considérable entre l’offre "officielle" en mode d’accueil et la demande des parents. Sur les 770 000 enfants ayant "besoin" d’un mode de garde du fait de l’activité professionnelle de leurs parents, 12 % sont accueillis dans des crèches collectives, 6 % dans des crèches familiales et 26 % environ chez des assistantes maternelles agréées. Autrement dit, les structures officielles ne sont en mesure de répondre qu’à moins de la moitié des besoins. Ainsi, en 1986, 430 000 enfants de moins de 3 ans étaient accueillis dans des lieux- non officiellement connus.
Une partie d’entre eux vont être gardés par leurs grands-parents, par choix certes dans un certain nombre de cas, mais aussi contraints par la carence de l’offre. Si bien qu’au total, environ 160 000 enfants, soit 21 % de tous ceux ayant besoin d’un mode d’accueil, seront gardés par des nourrices non agréées et des gardes à domicile, le plus souvent non déclarées. Tous ces enfants échappent donc presque en totalité à la politique menée envers eux par la collectivité.
Les analyses effectuées montrent que l’étendue du décalage ainsi révélé entre l’offre et la demande tient à trois causes principales, largement liées entre elles :
. un manque certain de connaissances sur les contraintes, les attentes ou les préférences des parents de jeunes enfants ;
. une absence de motivation d’une bonne partie des élus locaux ;
. une certaine inadéquation entre la politique nationale et les souhaits de la population, que précisément l’on connaît mal ou que l’on ne fait pas véritablement se révéler.