Résumé
Il n’existe pas en France une seule et unique approche de la pauvreté. Plusieurs définitions coexistent, qui n’en soulignent pas les mêmes contours et ne suivent pas les mêmes évolutions au cours du temps. La période récente est assez remarquable de ce point de vue puisque le sentiment de pauvreté progresse depuis 2014 (+9 points pour s’établir à 17% en 2018 selon la Drees) tandis que la pauvreté en conditions de vie tend à diminuer depuis 2004.
Y compris sur cette courte période, les évolutions des différentes mesures de la pauvreté ne sont pas linéaires et cachent sans doute des réalités différentes selon les territoires, l’âge des concitoyens, les configurations familiales observées, les vécus individuels, etc. Conformément à ses missions, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) réalise une analyse régulière et approfondie de l’évolution de la pauvreté, notamment au travers d’indicateurs rassemblés dans un tableau de bord. Afin d’enrichir ce tableau de bord, notamment au regard des nouvelles manifestations de la pauvreté, ainsi que des dimensions peu éclairées jusque-là, l’ONPES a inséré une vingtaine de questions dans l’enquête Conditions de vie et aspirations du CRÉDOC.
L’enjeu étant d’observer si les populations en situation de pauvreté (ressentie ou monétaire essentiellement) sont également concernées par l’isolement relationnel, la fracture numérique, le sentiment d’invisibilité sociale, etc. Comment et jusqu’où les différents phénomènes observés se recoupent-ils ? Et quels nouveaux enseignements peut-on en tirer sur la connaissance des personnes pauvres ? La fracture numérique et l’isolement relationnel ont fait l’objet de plusieurs groupes de travail organisés par l’ONPES : ces deux thématiques sont donc particulièrement détaillées dans ce document, avec notamment des propositions d’indicateurs qui pourraient alimenter le tableau de bord de l’ONPES.