Résumé
Les méthodes de délimitation et de découpage du territoire sont peu connues. Il en va de même des méthodes de diagnostic des équipements et de la demande sociale. Ceci explique qu’il n'existe pas "le" bon exemple dans l’ensemble des cas présentés dans ce travail.
La délimitation des territoires de proximité est souvent plus aisée que celle des régions. A l’échelle régionale, en particulier, les responsables du développement culturel surestiment bien souvent l’effet géographique sur le rayonnement d'un équipement. Parmi les différentes notions qui existent pour définir un territoire de proximité, la notion du pays, comme celle de bassin de vie culturelle, est trop connotée et elle ne s'applique pas facilement aux régions à forte urbanisation. Par contre, l'analyse des équipements devrait être plus largement fondée sur la notion de réseau d'acteurs qui élaborent des projets en commun. La définition du territoire s’enracine davantage dans la logique des partenariats, notion clé en développement territorial, que dans les caractéristiques géographiques des espaces locaux.
Le diagnostic des équipements montre qu'on peut mesurer de manière fiable les caractéristiques des structures et en déduire une typologie de l’offre de services à des fins de planification. Un réseau d'échange d’expériences, renforcé par un dispositif d’observatoire permettant des comparaisons entre équipements et entre territoires, évite les excès du self-reporting et incite à une élaboration collective des diagnostics territoriaux.
L'étude de la fréquentation des équipements est d’autant plus aisée que les structures disposent d’une possibilité d’enregistrement de l'adresse de leurs usagers (abonnement, inscription ou adhésion obligatoires). Les moyens informatiques actuels permettent le traitement des adresses par secteur géographique à des échelles (îlots, communes, ...) autorisant leur agrégation avec des données statistiques nationales ou régionales. A partir de telles bases de données, les estimations de fréquentation et d’extension des aires de rayonnement des établissements culturels peuvent réellement être interprétées. L'introduction dans la gestion publique de logiciels d'exploitation de banques de données géo- référencées permettra de plus amples exploitations des fichiers administratifs.
L'analyse de la demande sociale est le volet le plus coûteux de tout diagnostic territorial. L’exploration de la demande sociale doit permettre d’explorer une population d’usagers potentiels beaucoup plus large que le public fréquentant les établissements concernés par le diagnostic territorial. A défaut de méthodes directes comme les enquêtes auprès d’échantillons représentatifs de la population, il est possible d'exploiter des enquêtes nationales, comme les enquêtes sur les pratiques et les dépenses culturelles ou l’inventaire communal. Avec le développement de la gestion contractuelle dans l'administration publique, notamment par le biais des contrats d’objectifs, les responsables d’établissement devraient être conduits à réaliser des sondages périodiques sur les caractéristiques de leur public et sur la demande sociale les concernant.
Le développement de réseaux d’équipements et d'acteurs gestionnaires selon une démarche ascendante (réseaux de villes, réseaux d’établissements culturels à l’échelle départementale ou régionale) demande beaucoup d'énergie mais peut accroître très sensiblement les capacités d’ingénierie pour la réalisation de projet ou la gestion concertée d’un ensemble de structures complémentaires. Pour que les acteurs soient pleinement mobilisés, ce type de démarche nécessite de prouver que 1 investissement collectif améliore la gestion de chaque structure de manière tangible. Les expériences de développement local financées par le programme communautaire LEADER offrent, en la matière, de bons exemples.
L'action publique doit fonctionner comme un levier pour déclencher une action partenariale impliquant les acteurs publics, associatifs, privés, ce qui requiert d’associer démarche ascendante et démarche descendante. Une analyse rigoureuse du réseau d'acteurs est nécessaire pour préparer le terrain à une telle démarche.
De la comparaison entre les exemples allemands et français, il ressort que la différence principale dans les démarches de diagnostic territorial tient à la différence de positionnement des acteurs de terrain vis-à-vis de l'acteur public. A la lumière des cas présentés, on peut conclure que la démarche ascendante est toujours plus pertinente quand elle est réalisable. Mais dans tous les cas de figure, un conseil et un regard extérieurs sont utiles pour construire les diagnostics et les étayer par des analyses bénéficiant d’un recul suffisant par rapport aux implications opérationnelles des acteurs de terrain.