Résumé
L’enquête fait très clairement apparaître que la manière dont les Français interrogés perçoivent la question du respect de la parité des droits hommes/femmes rencontre parfaitement leur désir de s’engager davantage dans une action citoyenne au travers de leurs pratiques de consommation. Cela signifie, très concrètement, que les thématiques environnementales ou sociétales se montrent plus que par le passé susceptible d’incliner leurs choix en matière de consommation et que, parmi ces thèmes, celui du respect du droit des salariés occupe une place pour le moins légitime. D’autre part, et intéressant plus directement la problématique de cette étude, l’acte de consommation leur apparaît comme un bon moyen de « faire pression », d’une certaine manière, sur les entreprises afin que certaines d’entre elles, à tout le moins, fassent davantage d’efforts pour améliorer l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes qui travaillent pour elles. En d’autres termes, la proposition que compte prochainement faire le Secrétariat d’Etat aux droits des femmes rencontre manifestement, sur ce point, les aspirations d’une très large fraction de la population.
En ce qui concerne l’évolution de la « consommation engagée », en effet, la plupart des tendances mises à jour au cours des années passées se trouve confirmée. Les évolutions les plus remarquables enregistrées par rapport à l’année 98, toutefois, font apparaître que tout ce qui relève de l’implication des entreprises dans le respect de l’environnement, d’une part, et le soutien de causes humanitaires, d’autre part, incite davantage les consommateurs à choisir leurs produits. En ce qui concerne le respect des droits des salariés, aucune comparaison avec des données recueillies par le passé n’est possible. Il apparaît cependant que c’est là une condition éthique qui recueille l’assentiment d’un tiers des personnes interrogées, soit à peu près autant que ceux qui se déclarent le plus incités à acheter les produits des entreprises qui soutiennent des causes humanitaires.
La défense ou la promotion des droits des femmes passerait presque idéalement, dans ce contexte, par une meilleure information des consommateurs qui inclineraient alors, naturellement en quelque sorte, leurs préférences vers les produits des entreprises les plus « éthiques » sur le plan de l’égalité entre les hommes et les femmes qui travaillent pour elles. En effet, une courte majorité relative des personnes interrogées pense qu’il vaut mieux mettre en place un système de « discrimination positive », c’est-à-dire : qui aide les entreprises qui font le plus d’effort en la matière, plutôt que de sanctionner les autres. Une fois posé ce principe, le meilleur moyen de les aider consiste pour la plus grande part des personnes interrogées à les faire connaître auprès des consommateurs pour qu’ils en tirent eux-mêmes les conséquences dans leurs choix. Enfin, s’il existait un label, ou toute autre marque distinctive, permettant de reconnaître les entreprises les plus impliquées dans la défense de la parité des droits hommes/femmes, 46% des personnes interrogées déclarent qu’il les inciterait « sûrement » à acheter les produits de ces entreprises, et 37% « peut- être »... Soit 83% des Français interrogés.
Cette adhésion très claire au projet que prépare le Secrétariat d’État aux droits des femmes s’explique non seulement par une évolution structurelle des comportements de consommation mais aussi par la préoccupation que nourrissent les Français à l’endroit de cette question de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, particulièrement dans leur vie professionnelle. Pour résumer leur perception de cette problématique, on pourrait dire qu’ils pensent que l’égalité entre les hommes et les femmes s’est suffisamment améliorée au cours des dernières années pour ne pas nécessiter la mise en place d’un système de contraintes fortes. C’est dans le domaine de la vie professionnelle, en effet, que la situation leur apparaît s’être le plus améliorée au cours des dernières années... En tout cas relativement plus que dans la vie politique et la vie quotidienne. Il reste cependant assez de chemin à parcourir pour justifier, tout de même, une intervention, et c’est particulièrement notable en ce qui concerne l’égalité des salaires, la conciliation vie familiale/vie professionnelle et, quoique dans une moindre mesure, l’égalité à l’embauche à tous les niveaux.