Résumé
L’ensemble des enquêtes menées auprès de la population au cours des 25 dernières années montrent indéniablement une prise de conscience écologique des consommateurs. Les connaissances en matière environnementales ont progressé et de nombreux comportements ont évolué. C’est le cas en matière de prévention des déchets et les motivations sont, ici, le plus souvent écologiques, sachant qu’un bénéfice financier reste possible, de façon indirecte au travers de l’optimisation de certains achats voire plus directe par la limitation du gaspillage alimentaire. Dans le domaine des déchets, les pouvoirs publics ont joué un rôle essentiel en réglementant les filières de collecte séparée et de tri des déchets auprès des ménages. Celles-ci ont contribué, notamment en mettant en évidence les quantités générées, à sensibiliser à la prévention des déchets. Finalement, les progrès accomplis sont la résultante de la sensibilisation des citoyens, de l’accompagnement des pouvoirs publics et de la mobilisation des entreprises. Dans le domaine de la consommation d’énergie ou d’eau, au sujet des moyens de transports, concernant la durée de vie des objets, les préoccupations financières semblent jouer un rôle plus central. Les consommateurs cherchent à économiser les ressources ou à mieux utiliser les objets dont ils ont besoin, voire à en revendre / donner / prêter / louer certains dont ils se servent peu, surtout pour réaliser des économies, gagner de l’argent, contrer la hausse des prix, trouver des astuces pour maintenir leur qualité de vie malgré les pressions sur le pouvoir d’achat. Cela ne veut pas dire que les considérations écologiques n’entrent pas en ligne de compte, puisque les comportements relevant de l’économie circulaire sont beaucoup plus fréquents chez les ménages ayant une sensibilité écologique marquée. Mais les déterminants principaux de l’acte d’achat restent la qualité et le prix des produits, avant la dimension écologique. Ceci s’avère assez similaire au comportement des entreprises en la matière.
Dans une vision pessimiste de cet état des lieux, on pourrait se dire qu’une amélioration générale du pouvoir d’achat des Français remettrait en cause l’économie circulaire. Ce n’est pas certain car, une fois que l’on a pris l’habitude de faire des économies, il n’y a pas de raison pour que l’on gère moins bien son budget si la conjoncture s’améliore : plutôt qu’un effet « rebond », on pourrait imaginer un effet « cliquet ». Par ailleurs, il est peu probable que le taux de croissance du pouvoir d’achat en France retrouve jamais celui, à deux chiffres, des Trente glorieuses, ou celui des pays émergents. Et dans une vision optimiste, force est de constater que beaucoup de choses ont changé au cours des dernières décennies : les citoyens savent que les ressources ne sont pas inépuisables, ils sont animés du souci de ne pas les gaspiller, la conscience écologique gagne du terrain et, même si les changements sont lents, ils s’inscrivent dans des mouvements longs, indépendamment des cycles économiques, et dans lesquels les pouvoirs publics jouent un rôle essentiel d’accompagnement au changement, en sensibilisant les consommateurs et en incitant les entreprises à intégrer les externalités environnementales dans leur modèle économique.
L’économie circulaire est, possiblement, potentialisée par le changement de paradigme technico-économique lié à la diffusion des technologies de l’information et de la communication : une part grandissante des besoins des consommateurs passent par la consommation de services et d’informations et ces nouvelles technologies facilitent les échanges entre pairs et donc l’optimisation de l’usage des objets. Cependant ces technologies sont très consommatrices de ressources souvent rares. Plus globalement, les besoins et les aspirations semblent moins ancrés dans la matière et la possession qu’ils ne l’étaient auparavant ; la consommation de matière, pour chaque unité de bien-être, tend à diminuer et ce changement structurel dans la nature de la consommation pourrait avoir tendance à ralentir la croissance de la consommation des ressources non renouvelables de la planète si elle se généralisait au-delà de nos frontières.
Pour faciliter la participation de la population à l’économie circulaire, les pouvoirs publics doivent continuer de sensibiliser les Français à l’environnement, en accompagnant les changements de comportements qui prennent nécessairement du temps et en mettant en avant les gains financiers que l’économie circulaire permet de réaliser.