Résumé
Tous les sondages, les enquêtes et les consultations électorales de ces dernières années révèlent une sensibilisation croissante de la population au thème de l'environnement, ce dernier terme étant entendu dans son sens le plus large : on a pris conscience que la défense de l’environnement ne se résume plus à la seule protection de la faune et de la flore. L'analyse s'est élargie à l'ensemble du cadre de vie, notamment en milieu urbain. En effet, l'environnement urbain, s'il comprend les éléments physiques (qualité de l'eau et de l’air, élimination des déchets, bruit, état du cadre bâti, nombre d'espaces collectifs et d’espaces verts,...), se définit aussi par les caractéristiques du milieu, les possibilités de loisirs, l'esthétique de l'urbanisme et les aménités urbaines, c'est-à-dire l'ensemble des caractéristiques et qualités qui contribuent à l'agrément, à l'harmonie et aux aspects culturels de l'environnement. Autrement dit et c'est là un point fondamental, l'environnement se définit aujourd’hui autant par la relation qu'un individu ou un groupe d'individus entretient avec ce dernier que par les éléments qui le composent. Cela implique des perceptions de l'environnement différentes suivant les situations ou les points de vue et la problématique relative aux indicateurs d'environnement s'en complique d'autant.
La demande ainsi exprimée est devenue assez vive pour que la plupart des forces politiques incluent dans leurs discours, sinon dans leurs programmes, des mesures répondant aux préoccupations environnementales. Mais pour les pouvoirs publics, soucieux de dépasser le stade des déclarations d'intention, la détermination, la mise en œuvre et la poursuite de toute politique responsable de l'environnement rendent nécessaire son cadrage et la graduation des efforts consentis en sa faveur, par rapport aux autres politiques. De plus, il conviendrait pour compléter cette approche de prendre en compte les aspirations des Français pour juger de l'adéquation de ces efforts à la sensibilité générale à l’égard de l'environnement.
Pour ce faire, et répondre de manière pertinente à cette double nécessité, les responsables de la politique d'environnement doivent pouvoir disposer d’outils susceptibles de faciliter les processus de prise de décisions, qu’il s’agisse de la définition d’une politique, de la répartition des ressources, ou encore de l’évaluation des résultats de mesures mises en œuvre. C’est pourquoi, à l’image des indicateurs utilisés depuis longtemps par les économistes, on a voulu disposer d’indicateurs spécifiques à l'environnement et au cadre de vie.
C’est au cours des années 70 que beaucoup de ressources ont été mobilisées pour tenter des percées, sinon théoriques, du moins méthodologiques, dans cette direction.
En France, la Commission Interministérielle des Comptes du Patrimoine Naturel, et plus encore le Groupe interministériel d'évaluation de l'environnement ont mené pendant plusieurs années une telle investigation, donnant lieu à la publication périodique de volumineux rapports. Dans le même temps, l’OCDE a mené de 1974 à 1976, un projet relatif aux indicateurs d'environnement urbain : il avait pour objectif principal de proposer un ensemble d’indicateurs décrivant la qualité de l’environnement urbain de l’homme.
Malheureusement, avec la crise économique, la préoccupation environnementale perdit un temps la place privilégiée qui était la sienne et il semble que la volonté d’améliorer les indicateurs d’environnement existants ou d'en mettre au point de nouveaux s’effrita. Si bien qu’au début des années 90, où l’on s’interroge sur la reprise éventuelle de l’expansion et où les revendications liées à l’environnement gagnent en virulence, les pouvoirs publics doivent faire face à une problématique élargie avec des outils datant de la fin des années 70. D'où la nécessité d’élaborer une autre génération d’informations sur l’environnement et le cadre de vie, capable de fournir une information agrégée, pertinente, d’assez bonne qualité analytique et, dans la mesure du possible, mesurable, mais sans nécessairement recourir à une méthodologie sophistiquée. Autrement dit, ce qui compte désormais, c’est moins la finesse de la mesure, que l’identification - et le suivi- des lignes de force en train de s’esquisser dans l’expression du besoin environnemental. Le problème ne s’en trouve pas simplifié pour autant.