Résumé
Objectifs : Comprendre dans quelle mesure l'offre de transports et de télécommunications influence les choix des entreprises en matière de principes d'organisation de la production.
Méthodes et procédures : L'étude part de l'opposition entre une organisation de la production fondée sur le principe de "décomposition internationale des processus productifs" et une gestion de la production en flux-tendus. Un modèle théorique doit permettre de comprendre la logique de chacun de ces modèles d'organisation et en quels termes la question du choix se pose à l'entreprise. Ce modèle théorique doit permettre de faire des hypothèses quant au statut, structurant ou instrumental, des transports et des télécommunications dans ce choix. Ces hypothèses sont soumises à validation à partir de l'étude approfondie des secteurs de l'automobile et de l'habillement. Une analyse documentaire est complétée par la réalisation d'entretiens auprès d'une dizaine d'entreprises de chacun des deux secteurs.
Cela fait bientôt 10 ans que l'ouvrage de Nelson et Winter renouvelant l'approche évolutionniste des mécanismes économiques a été publié.
Il nous paraît intéressant d'essayer de dresser un bilan des progrès réalisés durant cette période, tant d'un point de vue conceptuel qu'opérationnel. Nous commençons par recenser les principales avancées conceptuelles générales. Puis nous entreprenons un tour d'horizon thématique. L'économie du progrès technique a été le berceau du renouveau évolutionniste. C'est donc dans ce domaine que la littérature est la plus abondante et que le terrain est aujourd'hui le mieux balisé. Cependant, l'analyse évolutionniste s'est progressivement étendue à d'autres domaines d'étude. Plusieurs auteurs ont approfondi l'analyse de la logique de fonctionnement de l'entreprise dans un environnement sectoriel auto-régulé. Les concepts évolutionnistes ont également été appliqués à l'analyse des régimes de concurrence. Leur application à des analyses de secteurs industriels, en particulier celles menées par ce département au CRÉDOC, a montré l'intérêt de ces concepts pour une compréhension des mécanismes économiques réels. D'autres auteurs ont approfondi l'approche de la croissance de Nelson et Winter. Enfin, des travaux ont montré comment l'introduction de la problématique évolutionniste dans la théorie du commerce international pouvait fournir des explications à des phénomènes embarrassants pour les théories traditionnelles... La dernière partie s'efforce de montrer les liens qui existent aujourd'hui entre la théorie évolutionniste et un ensemble d'autres approches hétérodoxes des phénomènes économiques, et l'intérêt que leur rapprochement pourrait apporter à la compréhension du fonctionnement des marchés. Nous observons en particulier les relations entre l'approche évolutionniste et les théories de la régulation, des conventions et des institutions.
Un extrait de ce survey a fait l'objet d'une communication lors du colloque sur les mouvements longs dans la pensée économique, organisé par l'Université de Montpellier et qui s'est tenu en septembre 1992.
La méthodologie d'analyse des secteurs a très longtemps été inspirée de la démarche fondamentale de l'économie industrielle. Celle-ci reposait dès l'origine (au cours des années 50) sur l'enchaînement : "Structures => Comportements => Performances". A la base de cet enchaînement conceptuel se trouvait l'idée normative de repérer, dans les caractéristiques des structures, les facteurs conduisant à des niveaux de "performances" s'écartant de l'optimum censé être constitué par l'état de concurrence pure et parfaite.
Cette démarche a fait l'objet de très nombreuses critiques d'un point de vue théorique : on a dénoncé sa visée normative, critiqué son caractère statique et mis en évidence les rétroactions existant entre les trois niveaux de l'enchaînement, discuté le caractère exagérément déterminé des "comportements" en soulignant le pouvoir relatif dont disposent les firmes sur leur environnement...
Ces critiques se sont accompagnées de l'apparition de nouveaux concepts et de la constitution d'écoles et, au total, ont été favorables au développement de la discipline. Toutefois, sur le plan de la démarche concrète d'analyse de secteurs, peu d'alternatives ont été proposées. Si la technique d'analyse de secteur proposée par Porter au début des années 80 a remporté un grand succès auprès des consultants et des entreprises, il ne s'agit fondamentalement que d'un "lifting" apporté à la démarche traditionnelle.
L'objet de l'article est de montrer qu'il est possible d'aboutir à une autre lecture théorique de l'enchaînement "structures-comportements-performances" à partir des concepts de l'approche évolutionniste. Cette relecture aboutit à certains réaménagements de la méthodologie traditionnelle, mais qui paraissent en mesure d'offrir une compréhension plus dynamique du fonctionnement des secteurs.