Résumé
A cantonner l'analyse de contenu dans une fonction purement descriptive du fait linguistique, on réduit sérieusement sa capacité à participer au processus de production de la connaissance. Au mieux, on en fait un accessoire ne pouvant opérer qu'à l'intérieur d'un cadre théorique ou disciplinaire pré-défini. C'est une amputation réelle du potentiel de la technique.
1- Les apports disciplinaires de la linguistique et de la psychologie.
L'analyse de contenu aujourd'hui est largement recouverte par l'ombre portée d'une discipline : la linguistique. Il conviendrait de ne pas transformer l'analyse de contenu, parce qu'elle porte sur le discours et utilise éventuellement certains savoir-faire de la linguistique, en une simple variante locale de cette dernière. La méprise tient pour une grande part à ce que se trouvent trop facilement confondues description et interprétation des actions humaines; donc y compris les actes de langage. Dans le même esprit, le corpus conceptuel de la psychologie, particulièrement celui de la psychanalyse, a facilement été tenu pour la modalité de validation en dernière instance de l'analyse du contenu de l'entretien.
2- Le rapport du chercheur avec le discours qu'il analyse.
Pour être volontairement schématiquement nous n'envisageons que trois "points de vue" : le premier "point de vue" traite de la nature du sens dont il peut être question dans l'analyse de contenu. Le rapport au sens, dirons-nous, réclame sûrement une ontologie, mais plutôt qu'une ontologie de l'essence, nous prônons une ontologie de la relation. En deuxième lieu, nous nous prononçons sur la manière d'envisager la subjectivité du chercheur. Loin d'en faire le bouc-émissaire d'une épistémologie de sens commun, nous souhaiterions l'intégrer un peu mieux dans la démarche d'analyse elle-même. Enfin, notre troisième "point de vue" nous engage dans la voie d'une véritable herméneutique de l'entretien de recherche.