Résumé
Ce travail est une contribution à l'élaboration d'un guide comparatif des méthodes d'analyse de contenu des entretiens de recherche. L'étude de cette méthode et son application expérimentale à un entretien réalisé dans le cadre d'une étude CRÉDOC, montre que l'Analyse Propositionnelle du Discours (APD),, mise au point en particulier par R. Ghiglione, fournit, pour le moins, une productivité marginale décroissante.
A vouloir repousser toujours plus loin la part de l'interprétation, la "fantaisie de l'analyste", pour reprendre la terminologie utilisée, on obtient un énoncé formel pur mais vide. Là en effet réside l'une des difficultés essentielles de l'analyse de contenu. Et il semble bien que la tentative d'éviction forcenée de la subjectivité se solde par l'introduction d'un formalisme inopérant.
En effet, à épurer le discours tenu en s'interdisant le recours aux suggestions de sens, on ne retient finalement que son aspect formel, et plus exactement, certains de ses aspects regroupés en une "bonne forme" (au sens de la gestalt), et bientôt, on ne découvre que les "formes" que l'analyste, sous couvert de réduire l'arbitraire subjectif, a lui-même introduites.
En deuxième lieu, contrairement à ses prétentions, l'APD n'évacue nullement l'interprétation. Et, si ce recours à la compréhension du sens ne saurait être en soi condamnable, propager l'illusion que l'on peut y échapper le devient. Le croire, c'est verser dans le plus pauvre des formalismes. Celui qui a oublié ses origines.
Procéder à une analyse de contenu selon la méthode de l'APD c'est, au terme de sa mise en œuvre, être condamné à ne pouvoir se prononcer sur le vouloir dire du locuteur. Il reste en somme à effectuer l'analyse du contenu du discours.