Résumé
Crise de la Covid-19, crise ukrainienne, crise des gilets jaunes, crise du terrorisme, crise des réfugiés, crise des subprimes… jamais la société n’a été confrontée à une telle succession de crises aussi rapprochées. L’enquête du Crédoc sur les Conditions de vie et aspirations des Français révèle que les Français s’accoutument à la succession des menaces et souhaitent retrouver la stabilité du « monde d’avant ».
Entre janvier 2020, juste avant la crise sanitaire, et janvier 2022, les principales inquiétudes des Français ont, paradoxalement, diminué : chômage (- 9 points), accident de centrale nucléaire (-8 points), terrorisme (-7 points), maladie grave (-4 points) … Nos concitoyens se recentrent sur ce qu’ils peuvent maîtriser et qui fait le sel de la vie. Tous les pans de la vie personnelle sont ainsi jugés plus importants qu’avant la crise sanitaire : temps libre et détente (+ 9 points) amis, famille, logement et cadre de vie (+ 8 points), amis et connaissances (+ 6 points), travail (+ 6 points), famille (+ 5 points). Mais si les liens se resserrent entre personnes proches (amis, familles, collègues …), ils se distendent avec le collectif : 40% de la population indique participer aux activités d’un groupe ou d’une association contre 47% en janvier 2020.
La place du travail, le sens qu’on lui confère, a plutôt été confortée par la crise sanitaire, le chômage partiel massif et le télétravail ayant favorisé le maintien du lien avec l’employeur. il n’y a pas eu de « big quit » comme aux Etats-Unis. Au contraire, les changements de résidence et d’emploi ont été faibles et certains salariés ont même retrouvé de l’intérêt à leur travail tandis que 12 % des actifs ont entamé une reconversion professionnelle. Plus largement, l’accoutumance aux crises se traduit par une confiance accrue dans l’action des pouvoirs publics tandis que les Français sont moins nombreux à vouloir que la société se transforme profondément.