Résumé
Si le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans qui se tuent ou se blessent chaque année sur la route tend à diminuer régulièrement depuis une vingtaine d'années, le sur-risque que présente encore cette catégorie quant aux accidents routiers change moins sensiblement. Alors que les jeunes comptent pour 15% de la population française, ils représentent plus du quart des tués sur la route, et près du tiers des blessés graves.
La Fédération Française des Sociétés d'Assurances (FFSA) avec la Prévention Routière, a demandé au CRÉDOC de réaliser une enquête pour éclairer la compréhension de ce phénomène et mettre au point une nouvelle campagne de prévention.
La plupart des accidents impliquant des jeunes se produisent en effet la nuit en fin de semaine. Cependant, tous les jeunes n'ont pas le même sens de la fête, loin s'en faut. Une typologie fait ainsi apparaître que seule une minorité de jeunes (17%) cumule les risques, sur la route comme dans d'autres domaines de la vie sociale. Cette petite frange de la population jeune comprend deux groupes d'individus qui pratiquent plus souvent que les autres un style de fête qui se passe rarement d'alcool et de stupéfiants.
Il s'agit d'une part, des jeunes qualifiés de " déstabilisés "(6%), qui adoptent des comportements à risques, des comportements déviants et ont des difficultés à la fois pour s'accepter tels qu'ils sont et pour se projeter dans l'avenir. En particulier, ils n'aiment pas leur corps ni l'image qu'ils ont auprès des autres et jugent leur situation professionnelle ou leurs études inadaptées à leurs projets.
D'autre part, les jeune " hédonistes " (11%), se caractérisent par la volonté de vivre l'instant présent, sans manifester de préoccupation pour le futur. Plus encore que les précédents, ces jeunes cumulent les prises de risques et les comportements déviants, mais en revanche, ne présentent pas de difficultés morales et sociales. Satisfaits de leur corps et de leur santé, ils jugent celle-ci comme leur permettant de prendre plaisir à la vie, et n'estiment pas devoir chercher à la préserver.
Cette typologie montre ainsi d'une part que les comportements à risques sur la route sont étroitement liés à une ensemble d'autres comportements présentant des risques pour la santé, ou des risques sociaux, d'autre part, que ces comportements dépendent du degré et du mode de socialisation des jeunes interrogés et non de leur origine sociale. Elle conduirait alors à relier les comportements à risques à ce défaut de cadre de socialisation, ou au modèle d'identification adulte qui, pour de nombreux sociologues, caractériserait la jeunesse actuelle.