Résumé
Les "solidarités familiales" tiennent de plus en plus de place dans les discours sur le "lien social" ou le développement de la solidarité sociale. Le thème n'est pas nouveau, mais il a fait un retour en force.
Pourtant la notion de "solidarité familiale" avait été pratiquement gommée des concepts explicatifs des sciences sociales. Certes, la crise de l'emploi des années 70-80, les difficultés d'insertion, notamment des jeunes, l'allongement de la scolarité et de la cohabitation avec les parents ou encore le soutien que ces derniers apportent à leurs propres parents vieillissants et dépendants, tout cela a sans doute favorisé le retour de l'idée de "solidarité familiale".
Mais est-ce la principale raison ? N'y en a-t-il pas d'autres à mettre à l'actif des sciences sociales elles-mêmes ? Des raisons spécifiques au monde scientifique des études et de la recherche ?
L'analyse de plus de 1800 rapports du CRÉDOC ; de sa création à juin 2001 ; permet de suivre et l'histoire du Centre de recherche, et l'usage de la notion de solidarité familiale par ses différents départements et équipes. De ce point de vue, le CRÉDOC est exemplaire du fonctionnement du champ scientifique des sciences sociales. Il admet même une grande sensibilité aux facteurs, conjoncturels ou non, qui affectent les termes dans lesquels les pouvoirs publics et la communauté scientifique sont amenés à "dire", "décrire" et "théoriser" leurs objets d'étude.
Ce rapport présente donc, à la fois, une analyse originale de la circulation des notions et concepts dans le monde scientifique des sciences sociales, une analyse du défaut conceptuel, sur le plan sociologique, de la notion même de "solidarité familiale" et une présentation de l'histoire intellectuelle du CRÉDOC via sa propre sensibilité à ce thème des "solidarités familiales"