Résumé
Dans un contexte de pandémie mondiale, le 17 mars 2020, la France se confine pour préserver sa population et son système hospitalier de la COVID. Le pays recentre son action autour du soin et des missions jugées essentielles. Une crise sanitaire mais également sociale avec des pans entiers de l’économie à l’arrêt, des actifs confrontés au chômage ou à une insertion professionnelle empêchée. Malgré les filets de sécurité déployés par les pouvoirs publics, au plus fort de la crise, près de 4 millions de personnes estiment être en situation de vulnérabilité. Les plus fragiles ont pu compter sur le soutien des professionnels et bénévoles de l’intervention sociale. 1,3 million de travailleurs sociaux ont affronté ces temps perturbés. Aux prémices d’une sortie de crise, l’Institut des Vulnérabilités et Résiliences, cercle de réflexion et d’action, a souhaité documenter et analyser l’impact de la crise sur les pratiques des intervenants sociaux. L’enquête qualitative menée par le CRÉDOC en fin d’année 2021 auprès d’une quarantaine de salariés et bénévoles – cadres et intervenants du service public, de collectivités ou du secteur associatif – a rendu tangibles les conditions d’activité d’un secteur en grande difficulté depuis plusieurs années. Elle révèle le sentiment d’invisibilité de ces « urgentistes sociaux » ayant su s’adapter et repenser leur action pour accompagner les plus vulnérables notamment les jeunes. La réappropriation de « l’aller vers », le décloisonnement du sanitaire et du social, les réseaux sociaux comme vecteurs du lien attestent de la capacité d’innovation du travail social et de son rôle incontournable dans la cohésion sociale.