Résumé
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le lieu de résidence permettait de situer les individus. On était rattaché à une maison, à un village, à un " pays " ; l'espace caractérisait alors l'individu, et chacun appartenait, en quelque sorte, à la fois à sa famille et à son village. Ces entités n'étaient d'ailleurs pas vraiment distinctes : on naissait, on se mariait, on vivait, puis on mourait au même endroit. Dans ce système communautaire, le réseau relationnel ne dépassait guère les frontières du bourg, et sans aucun doute les opinions et les représentations sur le monde reposaient-elles largement sur cette communauté.
Avec le processus d'urbanisation, cette situation change radicalement. Les paysans quittent massivement les campagnes pour venir s'installer en ville. Changement de décor : environnement différent, nouveaux métiers et bouleversements familiaux affectent profondément notre pays. Plus près de nous, le développement des réseaux de transport et de télécommunications crée les conditions d'une plus grande circulation des hommes et des idées. En définitive, on peut se demander si, à l'aube du XXIe siècle, l'inscription géographique conserve encore une influence sur la formation et la circulation des opinions.
Ce rapport vise à analyser l'influence qu'exerce la localisation géographique - et tout particulièrement le lieu de résidence - sur les représentations sociales et sur les opinions de la population. Le premier chapitre du rapport est consacré à une présentation de l'espace résidentiel français. Le deuxième chapitre vise précisément à déterminer si l'inscription dans un espace géographique précis influe sur les opinions émises. Enfin, le troisième chapitre tente, de façon encore exploratoire, d'apporter de premiers éléments de réflexion sur les relations existant entre le lieu de résidence et les opinions : nous proposons quelques pistes de réflexion autour de réseau social.