Résumé
L’année 2017 est marquée par plusieurs tendances fortes:
1. L’amélioration du moral économique observée depuis deux ans se poursuit. Les signaux positifs sont particulièrement nets sur le front de l’emploi où l’on observe un nouveau souffle. Les marges de manœuvre retrouvées profitent en particulier aux dépenses plaisir. La reprise est toutefois moins rapide qu’en 1995 et nos concitoyens ont plus de mal à se remettre de la crise qu’il y a vingt ans.
2. Le redoux économique profite à quasiment toutes les catégories sociales à l’exception des bas revenus. Les liens entre niveau de pauvreté réel et opinion sur la pauvreté semblent changer de paradigme. La population semble plus compatissante à l’égard des plus démunis dans un contexte de marges de manœuvre financières retrouvées.
3. Au niveau environnemental, la population semble à la croisée des chemins. La moindre focalisation sur le chômage laisse un peu plus de place aux questions d’environnement. Mais nos concitoyens semblent un peu perdus. Dans l’incertitude par exemple par rapport à la question de l’énergie nucléaire dont ils ne savent plus trop quoi penser. Dans une période de flottement également par rapport aux pratiques collaboratives qui, si elles restent stables en moyenne, voient les catégories aisées, sous l’effet de la reprise, s’en détourner, tandis que les bas revenus s’en emparent davantage.
4. En cette année d’échéance présidentielle, la défiance dans le système médiatique et politique est à son comble et rejaillit sur de nombreuses institutions et organismes. Retrouvant une forme d’autonomie financière, la population fait montre d’une forte envie de faire table rase et de s’affranchir d’un système jugé à bout de souffle.
5. Le climat terroriste des deux dernières années place aujourd’hui les questions de sécurité en tête des préoccupations de la population. Les ménaces répétées à différents endroits du territoire créent une atmosphère de fébrilité dans les rapports sociaux. Les individus se montrent plus méfiants dans leurs rapports aux autres. L’envie de lien social n’a jamais été aussi forte mais dans le même temps aussi anxiogène. Cette fébrilité se retrouve dans l’omniprésence des réseaux sociaux qui imprime un rythme frénétique et addictif, en particulier chez les jeunes.
6. L’année 2017 semble une année charnière, donnant de nombreux signes de la fin d’un système décrié depuis de nombreuses années Cette phase apparait caractérisée par une forme d’émancipation, vis-à-vis de modèles institutionnels, médiatiques, sociaux vieillissants. Cette période quasi adolescente, de souhait de changement radical n’est pas sans provoquer des formes de tensions, et laisse nos concitoyens dans une forte incertitude face à l’avenir.
7. Face à une société « liquide » (Bauman) de plus en plus flexible, mobile, dans laquelle les situations auxquelles les hommes sont confrontés se modifient avant même que leurs façons d’agir ne réussissent à se consolider en procédures et habitudes, nos concitoyens se raccrochent pour partie au modèle républicain. Celui-ci conjugue à leurs yeux des valeurs en phase avec la société actuelle et son souhait de renouvellement (liberté) et un aspect rassurant par rapport aux difficultés rencontrées (fraternité, égalité). Dans un besoin d’utopie renouvelé, ils lui adjoignent les valeurs du respect, du partage et une place prépondérante au travail, autant de valeurs rejoignant la montée en puissance de la « co-production » - du faire ensemble, comme nouvel horizon utopique dans un monde mouvant.