Résumé
Comme dans chaque nouvelle crise économique, de nouvelles tendances de consommation se développent. Le CRÉDOC en lançant son enquête "Tendances de Consommation "avait identifié la consommation engagée en 1992. Dans la crise économique de 2008, le consommer mieux et le consommer moins se développent en relation avec l'imposition de la nouvelle norme sociale écologique. Dans la mouvance en réaction à l'accélération du temps, à sa contraction, les mouvements de frugalité et du slow se développent. Avec la légère reprise économique actuelle que reste-t-il de ce "consommer mieux "et de la frugalité qui s'étaient installés ? Nous analysons, d'une part, l'évolution de ces phénomènes en utilisant, l'enquête "Tendances de consommation "réalisée par téléphone en mai 2015 auprès de 1000 individus représentatifs des 18 ans et plus. D'autre part, nous confrontons ces résultats aux motivations et comportements des consommateurs appréhendés au travers d'un approfondissement qualitatif. Pour cette investigation qualitative, nous la comparons à 12 ans d'intervalle aux travaux de Loisel et Lehuédé (2004). Peu convaincus d'une réelle sortie de crise, les consommateurs de 2015 apportent des points de vues élaborés et critiques proches de ceux de 2003 mais de façon beaucoup moins intense. Intégrant la contrainte écologique, les consommateurs de 2015 mettent en place des comportements plus sobres qui perdurent. Et contrairement à 2003, la consommation n'est plus associée essentiellement au secteur marchand : les plus jeunes valorisent la consommation gratuite engendrée par Internet. La prise en main de l'acte de consommation s'est développée en 12 ans avec le "fait soi-même "qui a gagné de nouvelles sphères comme la cuisine. La diversité des attitudes des consommateurs est synthétisée sous forme d'une typologie des consommateurs qui fait poindre une classe de réfractaires à la norme sociale écologique, "les innovants", en quête de nouveauté et d'envie de consommer.