Analyse méthodologique d'une enquête d'opinion sur les déplacements urbains L'enquête ménage Lyon 1986, questionnaire complémentaire n° 2

N.Tabard

Collection des rapports N°R48

Résumé

On propose ici une méthode pour analyser un questionnaire d'opinion, prenant acte du manque de fiabilité de ce type d'information. Le principe consiste à isoler la part systématique des réponses fournies, née de leur cohésion. Cela revient à exprimer la ou les significations d’une réponse à une question par ses relations avec les réponses aux autres questions. On sélectionne ainsi les cooccurrences les plus significatives, on fait ressortir les proximités (et les oppositions) entre certaines opinions. Une réponse à une question prend du sens en fonction de sa position dans l'organisation de l'ensemble des réponses aux questions sur le même thème. Elle n'a jamais qu'un seul sens, le sens littéral qu'on lui prête spontanément et auquel se limitent souvent, à tort, les analyses de sondage.

Parler de cohésion entre les réponses ne présuppose pas la rationalité, l'absence de contradiction. Tout au contraire les contradictions qui émergent de façon systématique, ont nécessairement un sens.

Contrairement à ce qui est fait d'ordinaire, on ne compare pas entre eux des groupes sociaux, des types familiaux ou des types d'usagers... pour voir en quoi leurs opinions diffèrent. Cela supposerait que chaque question ait pour tous le même sens, que la relation enquêteur-enquêté soit partout identique.

Cette analyse repose au contraire exclusivement sur les opinions, la recherche de leur structure, la construction de typologies (cf. encadré). Ce n'est qu'après avoir en quelque sorte "filtré" la part systématique des réponses, qu'on s'intéresse aux groupes sociaux, soit pour les positionner dans l'organisation obtenue, soit pour comparer les types de la typologie, sous l'angle de leurs caractéristiques économiques ou sociales, de leurs conditions de vie objectives.

Les structures d'opinion et la typologie construites ici sont propres à faire apparaître une multiplicité de sens aux réponses fournies. Un "oui" peut être une adhésion convaincue mais aussi une manifestation d'aménité ou bien encore une échappatoire commode. Comme le "non" peut traduire l’agressivité aussi bien et même davantage qu'un désaccord ponctuel raisonné. On peut être sans opinion, mais cette réponse peut aussi masquer un désaccord, une critique que des personnes, souvent socialement dominées, n'osent exprimer directement. Toutes ces significations sont apparues ici, caractérisant plus ou moins les types de cette typologie.

Insistons sur le fait que la méthode fait émerger, par construction, les attitudes les plus significativement différentes. C'est dire que lorsque se manifeste, comme expliquant la part la plus importante de la variance, une signification au second degré, comme on vient d'en donner des exemples, c'est que les significations au premier degré, celles dont se contentent les présentations classiques de suffrages par question prise isolément, sont en réalité moins discriminantes.


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