En période d’inflation, est-ce que les arbitrages économiques se font au détriment de la qualité environnementale de l’alimentation ?

Marianne Bléhaut, Mathilde Gressier, Nolwenn Paquet

Cahier de recherche N°C356

Résumé

La mise en œuvre de comportements limitant l'impact de l'alimentation sur l'environnement peut se heurter à des contraintes économiques, qui peuvent être structurelles (par exemple, différence de revenus entre foyers) ou conjoncturelles (liées à la récente hausse des prix alimentaires, à une baisse de revenus, etc.). Ce cahier de recherche vise à comprendre le lien entre comportements alimentaires limitant l'impact sur l'environnement et composition socio-démographique d’une part, et à documenter l’évolution de ces comportements en période d'inflation d’autre part. Certaines aspirations à consommer des produits limitant l’impact de l’alimentation sur l’environnement sont plus fréquentes chez les catégories sociales aisées (catégorie socio-professionnelle dite supérieure, budget alimentaire du foyer par unité de consommation élevé). Les comportements impliquant un surcoût sont plus suivis par les classes sociales aisées (par exemple, l’achat de produits bio, l’achat en vente directe). Cependant, d’autres comportements peuvent limiter l’impact de l’alimentation sur l’environnement mais ne sont pas liés à un surcoût, et ne présentent pas de telles différences. C’est le cas par exemple du fait de congeler les restes alimentaires, ou de limiter le gaspillage alimentaire. De ce fait, trois attitudes se dessinent vis-à-vis du choix de produits moins impactant pour l’environnement. Un premier groupe d’individus, plutôt éduqués et aisés, adoptent des comportements d’achat et des comportements alimentaires impactant moins l’environnement. Un second groupe aspire à consommer mieux, mais ne met pas ces aspirations en pratique, probablement faute de moyens. Ces individus sont souvent dans les classes moyennes. Enfin, un dernier groupe semble en retrait par rapport à l’impact sur l’environnement que pourrait avoir leur consommation alimentaire, regroupant surtout des individus aux budget alimentaire et revenus les plus faibles. Entre 2021 et 2023, les aspirations à consommer des produits alimentaires impactant moins l'environnement ont particulièrement diminué. En outre, les comportements liés à l'achat de produits impactant moins l'environnement mais souvent plus onéreux (achat bio, local) ont aussi diminué entre 2021 et 2023. En revanche, les comportements qui ne sont pas liés à un surcoût (faire son compost, congeler les restes alimentaires) n'ont pas connu de baisse. 


Contact

142, rue du Chevaleret 75013 Paris
01 40 77 85 10
ligne 6 station Chevaleret
ligne 14 station Bibliothèque
RER C station Bibliothèque
Bus 27 arrêt Nationale