Résumé
La diffusion et la multiplication des pratiques dites collaboratives ou de l’économie du partage posent la question de sa définition et de ses limites. Notre recherche propose de dépasser les définitions souvent proposées et présentant le collaboratif comme un mode opératoire de relations horizontales entre particuliers pour y intégrer à la fois la notion d’engagement des individus, et celle de finalité d’intérêt général. En effet, la montée en puissance de ces pratiques puise ses fondements dans un bouleversement des valeurs tant dans le rapport aux objets, que dans le rapport à l’autre, avec une valorisation de nouvelles figures autour de l’artisanat plutôt que l’industrie, l’attrait pour l’intelligence collective et de la diversité plutôt que la centralisation et l’expertise d’un petit nombre, et la reconnaissance des individus et de leur capacité d’agir. Elles entrent fortement en écho avec la soif d’idéal d’une société pour qui le paradigme de l’économie de marché et de la concurrence s’essoufflent et qui est en quête de nouveaux modèles. Les initiatives collaboratives ainsi définies ont un potentiel de développement en ce qu’elles rencontrent des aspirations sociétales profondes, mais elles restent aujourd’hui surtout réservées à des publics restreints (jeunes, publics aisés et diplômés, habitants de l’agglomération parisienne), posant des questions de démocratisation et d’accompagnement des individus dans leur chemin vers une autonomie, condition sine qua non d’une réelle collaboration.