Résumé
Ce cahier de recherche mesure et analyse, pour une population particulière que sont les travailleurs pauvres, le lien entre une approche objective de la pauvreté ( critères monétaires ou conditions de vie) et une approche plus subjective, caractérisée par la façon dont les personnes elles-mêmes perçoivent leur situation.
Les deux approches, objective et subjective, de la pauvreté ont été mesurées à partir de l'enquête Permanente sur les Conditions de vie de l'INSEE (vague de mai 2001).
La perception de la pauvreté a été appréciée via l'interrogation d'une quinzaine de personnes ayant un emploi, identifiées en situation de pauvreté par des professionnels du monde social ou de l'insertion par l'activité économique.
Le sentiment des travailleurs pauvres fluctue, en fonction de la trajectoire professionnelle passée, de l'âge et de la situation familiale, entre trois attitudes : l'espoir d'un avenir meilleur, la fierté d'exercer une activité qui leur évite l'assistanat, la colère que leur travail ne leur assure pas un niveau de vie plus acceptable.
Ainsi, la trajectoire professionnelle passée conditionne fortement la perception des conditions de vie et dessine deux groupes de personnes : celles ayant connu la stabilité de l'emploi ou une longue période d'activité, celles n'ayant eu que des emplois précaires. L'existence d'une expérience professionnelle significative conditionne la construction de l'identité professionnelle. C'est cette identité qui pèse sur la perception des conditions de vie et le ressenti de la pauvreté.