Résumé
A la fin 1978, le CRÉDOC mettait en place un système d'enquêtes à vocation régulière : l'enquête permanente sur " Les Conditions de Vie et les Aspirations des Français "dont l'un des objectifs était -et demeure- de produire un " état " de la société française et des courants d'opinion la traversant.
Chaque année, les données recueillies permettent ainsi d'établir un Espace Général des Opinions des Français, cadre de référence permettant d'apprécier l'évolution des opinions de l'ensemble de la population et de celles des différents groupes sociaux. Ce rapport présente la façon dont cet espace est constitué et propose un bilan de l'observation des évolutions des attitudes des Français sur les deux dernières décennies (1979-1997).
L'Espace élaboré, dont on a vérifié la stabilité dans le temps, est structuré par deux dimensions : un axe horizontal, qui oppose les individus satisfaits de leurs conditions de vie personnelles comme du fonctionnement de la société, à ceux qui témoignent d'une insatisfaction générale. Le second axe oppose des individus ayant des opinions dites " modernistes " en matière de moeurs à des individus que l'on dira " traditionalistes ".
En dix-neuf ans, les Français sont passés du contentement à une profonde insatisfaction et d'un certain traditionalisme en matière de moeurs à un modernisme un peu plus affirmé. Mais les fluctuations ont été nombreuses et les groupes sociaux ont été différemment affectés par ces courants. Le rapport présente les principales inflexions intervenues dans le corps social en fonction de l'âge, de la profession-catégorie sociale ou du niveau de diplômes.
En tout état de cause, les analyses menées montrent que l'espace général des opinions du CRÉDOC traduit bien les inflexions de la conjoncture économique et de l'évolution des moeurs. L'étude des liens entre niveau d'insatisfaction déclaré, degré de modernisme et événements politiques (élections) est d'ailleurs particulièrement intéressante. Le niveau d'insatisfaction induit en effet le sens de l'expression politique des citoyens voire l'anticipe. Par contre, c'est après coup (après l'élection) que l'expression collective semble exercer un rôle sur le " plus " de modernisme ou de traditionalisme que développent nos concitoyens.