Résumé
Il est devenu courant de se plaindre de la faiblesse du débat politique, de la morosité ambiante, du manque de grands projets, de la disparition des débats idéologiques. Ce qui semble apparaître à travers les résultats précédents, c'est que ce changement est moins celui des Français que celui de leurs porte-paroles. Autant de Français désirent des transformations radicales de la société en 1986 qu'en 1978. Mais les membres de certaines associations militantes, qui influencent fortement la vie politique et sociale, partis politiques, syndicats, associations de défense de la nature, sont moins persuadés qu'en 1978 de la nécessité de ces transformations.
Le nombre de leurs adhérents a fortement diminué (à l'exception des partis politiques), principalement en raison de la désaffection des jeunes, qui se sont davantage tournés vers le 6port. Ce désintérêt des Jeunes a sans doute en partie modifié la nature de ces associations, qui ont perdu une grande part de leurs capacités revendicatrices ou peut-être même innovatrices. Ce qui est vérifiable aisément dans l'enquête du CREDOC, c'est l'évolution des appréciations portées sur la société par les adhérents de ces associations. En début de période, critiques, volonté de profonds changements caractérisaient l'attitude des militants et des syndiqués. En 1986, les opinions de ces derniers se distinguent guère de celles de la moyenne des Français.
Il n'est évidemment pas question de porter un jugement sur ces transformations, mais on peut toutefois 6'inquiéter du fait que les jeunes générations ne se sentent apparemment plus concernées par les formes traditionnelles de la vie politique, ou ne jugent pas utile de s'intégrer aux organisations susceptibles de l'influencer. Il est possible toutefois que de nouvelles formes d'associations, comme SOS-racisme, expriment mieux les préoccupations des nouvelles générations, et soient mal saisies par le questionnement.
Mais ces évolutions, certes intéressantes, n'ont finalement qu'une incidence mineure sur l'ensemble de la vie associative. De 1978 à 1986, le monde associatif n'a connu ni réelle croissance, ni bouleversement dans sa composition. La sélection sociale, surtout dans le cas d'une vie associative intense, est toujours aussi forte. L'inégale participation des hommes et des femmes au sein de certaines associations demeure d'actualité et suit le partage traditionnel des rôles : politique et profession pour les hommes, famille, bienfaisance et religion pour les femmes. Globalement, cela conduit toujours à une sous-représentation des femmes dans le monde associatif.